Dans le cadre du séminaire « From ads to art » du master MC2L (médias, culture, 2 langues) axé sur la représentation des femmes dans l’espace public j’ai pu interviewer l’artiste française Ezoartwork. Elle a tenu dans un premier à se présenter:

Ezo: Je suis une artiste autodidacte. J’ai commencé par la peinture sur toile et ça fait deux ans que je me suis mise au street-art. Mon objectif est de mettre en avant le vivant, les sujets que je représente principalement sont les femmes et la nature. A côté de ça, j’ai des projets collectifs avec des structures dans lesquelles je fais des ateliers avec des enfants.

Quelles ont été tes motivations pour commencer le street-art ?

Ezo: Je vois l’espace urbain comme un espace riche, c’est l’espace partagé, un espace de rencontre, gratuit. Je trouve ça intéressant de sortir des musées, galeries, des lieux attendus pour aller dans des lieux plus inattendus et rendre l’art plus accessible à tout le monde. La rue est une source de rencontres et d’échanges spontanés. Je veux que les spectateurs aient la possibilité de s’imprégner de mes œuvres et d’en définir le message par l’émotion qui les traverse.

Est-ce que tu revendiques des influences artistiques ?

Ezo: Oui. Quand j’étais jeune j’étais très inspirée par Vincent Van Gogh ou Frida Kahlo par exemple. Les métiers du champ de l’artisanat, la création et la reproduction m’inspirent aussi, ça va au-delà d’un artiste ou d’un courant. Les personnes qui t’entourent, la nature, les voyages, tout peut t’inspirer.

La grande Molière, Ezoartwork.

Quel regard portes-tu sur la représentation des femmes artistes dans le street-art ?

Ezo: Très peu de femmes sont des street-artistes très connues. C’est plus des hommes qui, en plus, utilisent la représentation de la femme très souvent, une sorte de paradoxe. Est-ce que la place est donnée aux femmes ? Je pense que tout ça est en mouvement.

Tu as pu observer une évolution, dans le style ?

Ezo: Je sens que le style tend vers la beauté classique, on met en valeur la beauté fatale et la femme objet, comme dans la pub. C’est pour ça que j’ai lancé une nouvelle série en m’inspirant de mannequins qui ont des traits de visages particuliers, des taches de naissance, des corps qui sont différents et qui sont d’autant plus beaux par leur différence et leur originalité.

La Fleurée, Ezoartwork.

En parlant de pub, quelle influence penses-tu qu’elle ait sur nos préjugés, sur notre construction personnelle ?

Ezo: La pub est quelque chose de très présent même sans regarder la télé. Il s’y crée une idéalisation du corps et une construction de la « femme objet ». On ne met pas la différence en valeur, dès que tu sors des standards classiques tu n’es pas représentée. Rien que pour la question du poids : les femmes représentées sont très fines, des mannequins qui font du 34 et 1m80 alors que la moyenne des femmes c’est du 42. On ne représente pas de femmes qui ont des boutons, des taches ou un nez tordu, etc.

Et tu penses que la représentation de corps différents dans le street-art peut aider à s’identifier à d’autres modèles ?

Ezo: Oui, et ça permet de les mettre en avant. Je fais une série sur des femmes qui ont des taches sur le visage, des particularités physiques, dans la série précédente, je voulais mettre en avant les émotions, des visages déformés et naturels. La pub, à mon avis, montre des visages avec de fausses émotions. Dans une société de l’image, celle-ci peut être plus forte que les mots, elle peut avoir un grand impact et elle permet de s’exprimer de manière non-verbale.

La déjantée, Ezoartwork. Larme d’espoir, Ezoartwork.

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